Publicité, sponsoring… monétisation du contenu et effets pervers. Deuxième partie : Le contenu, cette nouvelle richesse


Le contenu, c’est pas nouveau

Les sites « persos » ne sont pas nouveaux, ils existent pour ainsi dire depuis les débuts de la démocratisation d’internet. Disons plutôt depuis que les fournisseurs d’accès proposent des hébergements gratuits avec leurs abonnements de connexion.

Ce qui a changé, c’est la relative facilité d’accès à des outils permettant de publier du contenu en ligne, je parle bien de contenu, et non pas seulement de textes.

Fichiers Vidéos, audios, images, et bien sur, les fameux textes.

Les évolutions technologies aident à « héberger » ces contenus, mais ce qui nous amène à la situation actuelle, ce n’est pas le problème de l’hébergement de ces contenus, mais bien leur diffusion.

Nous créons du contenu, mais surtout, surtout, nous faisons tout pour qu’il soit diffusé le plus largement possible, sacré Andy Warhol.

Les « anciens » gros sites de contenu, on les connait, ils s’appellent Forums, sites communautaires, sites d’information, portails.

Ne vous y trompez pas, hormis certains « blogs » anglophones, peu, pour ne pas dire aucun « blog » francophone ne peut rivaliser tant en terme d’ »influence » que de trafic avec ces sites.

D’ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais au travers des blogs, via nos agrégateurs, nous nous construisons notre forum idéal.

Les sites « noeud » d’information l’ont bien compris, car si on y regarde de plus près, le fonctionnement est très proche de la page « Quoi de neuf ?/Les derniers sujets » que possèdent la quasi totalité des moteurs de forums et qui regroupe les derniers messages postés, toutes catégories confondues ?

L’explosion des blogs à créé une décentralisation de l’information, là ou avant on s’empressait de diffuser une info sur le Forum approprié, maintenant, on la diffuse sur son blog.

Chaque « blogueur » a commencé à générer son propre trafic, ses propres lecteurs, ses propres réseaux de diffusion, et croyez-moi, ça demande du travail, il était donc logique que la notion de « gain » fasse son apparition à un moment ou à un autre.

Toute peine mérite salaire

Nous gagnons tous quelque chose à « bloguer », tous, et ce quelque soit la forme de ce gain : satisfaction personnelle, image, financier.

Pour beaucoup des early adopters, ces gains sont venus sur le tard, ou plutôt, l’idée de retirer des gains financiers est arrivée sur le tard, les gains de satisfaction personnelle ou d’image étaient déjà là, alors pourquoi pas aller au bout de la logique et gagner de l’argent ? Et pourquoi pas vivre de son blog ? Comme un écrivain ou un journaliste vivent de leurs écrits, mais avec une indépendance comme on n’en a rarement vu.

Et c’est là que les ennuis commencent.

Bon, ce n’est pas intrinsèquement la faute des blogueurs, mais bien des diverses agences qui ont commencé à s’intéresser à ce « phénomène », les blogs à forte visibilité ont fini par très sérieusement intéresser le milieu de la com et de la pub. Ont suivi les entreprises avec un business model basé sur la communication via les blogs.

Le problème actuellement, c’est que de plus en plus de monde créé un blogue, non pas pour dire quelque chose, mais bien pour espérer y gagner quelque chose, et qu’est ce que ça donne au final, du contenu, du contenu et encore du contenu…

Trop d’information tue l’information.

Ou l’on reparle des blogs « influents »

Lors du précédent article, j’avais pointé le fait que dans la catégorie blogs « influents », les blogs technologiques trustaient la majorité des premières places des divers classements.

Plusieurs raison à ça.

Premièrement, beaucoup de personnes dans le milieu du web ont un blog, ensuite toute personne plus ou moins intéressée par le web finit par en avoir un. Et qui a un blog, s’intéresse aux blogs, ou aux technologies autour des blogs et parlent donc de ce qu’ils lisent.

Et il faut bien l’avouer, les blogs les plus anciens ou les plus lus, à un moment ou à un autre on tombe dessus, la majorité sont de qualité, bien renseignés, bien écris, alors on en parle à son tour, on les lit, on les cite.

Une autre raison à cette « toute puissance » des blogs technos, c’est qu’ils sont peu polémiques dans le sens « humain » du terme, on ne prend pas trop de risque quand on lance un petit troll sur Apple ou microsoft, le logiciel libre, les CMS ou que l’on parle du dernier service Web 2.0 à la mode, par contre s’engager politiquement, parler de sa vie, de sa sexualité, de la société, c’est s’engager personnellement, et ça, peu de personnes le font réellement.

Je pointe ici un des premiers effets pervers de l’évolution des contenus, ces blogs sont des sources d’information, parfois de réflexion, et sont donc cités, cités et cités encore.

C’est un des points qui m’a amusé lors de la discussion sur les billets sponsorisés, un des intervenants pointait le danger de la multiplication d’informations « semblables », mais c’est déjà le cas.

Combien de blogs font un billet pour annoncer la sortie du dernier Firefox ? La mise à jour du Firmware Iphone ? La dernière mouture de WordPress ?

Et les blogbusters alors ?

Pour les blogbusters (blogs à fort et très fort trafic), la problématique est toute autre et porte un nom : référencement.

La plupart des blogs à fort trafic parlent des choses recherchées par les internautes, ils suivent l’actualité générale, les dernières vidéos à la mode, tout ce qui a un fort potentiel viral, les exemples récents sont aisés à trouver : Laure manaudou quelqu’un ?

Le problème, c’est que certains de ces blogs sont extrêmement bien référencés et trustent de nombreux résultats de recherche dans les moteurs de recherche.

Pour reprendre l’exemple Manaudou, si vous faites une simple recherche sur son nom et prénom dans Google, vous allez avoir droit à ce dont tout le monde, ou presque, a parlé en Décembre, pas de l’information utile (en plus le site officiel est en rade au moment ou j’écris ces lignes), juste 40000 fois la même information.

Et quand je dis 40000, j’exagère à peine.

Et là, il y a un vrai problème. Ces réponses sont-elles pertinentes ? Répondent-elles à ma simple requête sur Laure Manaudou ? Non, elles me donnent juste des résultats de sites bien référencés, encore et toujours la même la même information.

Résultat, je dois filtrer plus que jamais l’information et mettre à profit mes connaissances pour chercher l’information utile.

Moi, je sais le faire, mais l’utilisateur lambda d’internet pour qui la recherche se limite à Google ou au portail de son FAI ?

Et la monétisation dans tout ça ?

Je partage la vision d’Arnaud Jeulin sur le sponsoring des gros Blogs, qu’ils soient « influents » ou « Blogbusters », et l’information récente semble donner raison à cette théorie.

Pour les autres, il restera les quelques euros ou dizaines d’euros gagnés via adsense, critéo, blogbang, ebuzz et compagnie, alors qu’ils feraient mieux d’aller boire un coup avec leurs copains.

Quand ils auront compris, peut être que les blogs « humains » retrouveront leur place dans cet océan de vide et de répétition.

En conclusion

J’ai bien peur que le phénomène ne s’amplifie encore pendant quelques temps mais je ne serais pas étonné que les acteurs de la recherche sur internet prennent des décisions dans les mois à venir pour reclasser tout ça.

Un exemple ? Je vois bien Google faire en second gros ménage et revenir à un modèle vieux comme internet : la classification. Les Blogs dans google blog search, les sites d’actualités dans Google News, etc…

Peut être garder le centre névralgique qu’est leur moteur de recherche, mais mettre en avant les moyens de recherche alternatifs pour palier aux faiblesses de leur outil principal.

Quand l’information se disperse, il faut la classer.


7 réponses à “Publicité, sponsoring… monétisation du contenu et effets pervers. Deuxième partie : Le contenu, cette nouvelle richesse”

  1. Menfin, on peut pas déc lasser les blogs dans blog search. Bien souvent quand je cherche « un plugin qui fait ça » ou « comment je fait pour mettre mon image ici » je tombe sur des blogs qui m’expliquent ça très bien… Ce serait dommage de devoir aller dans google blog search pour trouver ce genre d’information (en plus sur blog search c’est le bordel, je trouverai jamais ce que je veux)

    Le plus simple ce serait de bannir Otto et ses copains de l’index google.

  2. Pour moi je pense que l’affaire de notre nageuse est exemplaire et je pense qu’il est de l’interêt de google de limiter ce genre d’effet je pense qu’a l’avenir la fourchette temps va jouer en défaveur justement des blogs qui ne font que suivre les tendances. En gros les ingénieurs gg vont intégrer cette fourchette temps couplée au rebond des internautes (ce qui permet de savoir que l’internaute n’a pas focément eu la réponse attendue) et appliquer une sorte de pénalisation à ces blogs ou au moins a ses billets.

  3. Avec des moteurs de recherche qui disposent d’outils «segmentés» par type de contenus, je m’étonne de ne pas voir en page d’accueil de Google ou autre de simples cases à cocher:

    «
    Je recherche:
    [ ] un site;
    [ ] un article d’actualité;
    [ ] un produit;
    [ ] des avis sur un produit;
    [ ] un blog;
    [ ] un article de blog;
    [ ] …
    »

    Le problème des onglets, c’est qu’il faut savoir exactement quel type d’information on recherche, ce qui n’est pas toujours évident. Avec de simples cases à cocher pour affiner la recherche, on peut utiliser la recherche principale (et donc ne pas avoir l’impression de se cantonner à un domaine précis) et affiner en même temps. Exemple: je recherche un site ou un blog (dont j’ai oublié l’adresse, ou bien je me sers de mon moteur de recherche comme réserve à favoris…). Ou bien: je recherche un produit ou des avis sur un produit. Ou bien: je recherche un article d’actualité ou un article sur un blog.

    Enfin bref, je suppose que l’idée doit déjà circuler ou être prototypée chez Google, Yahoo, Microsoft, Ask, Exalead, etc.

  4. Ce serait quand même un bon gros retour en arrière aux premières heures des moteurs de recherche internet.

    Plus dans la direction pseudo annuaires.

    Je ne sais pas quelle direction vont prendre les moteurs de recherche cette année, mais je vais surveiller ça de très très près.

    Le problème des « sites de buzz », c’est qu’on ne peut pas leur jeter la pierre, ils répondent à une demande, et en général leur billet traitent bien du sujet recherché, même si ce n’était pas l’information que l’on désirait, ça reste une forme d’information… bruyante, je vous l’accorde.

  5. Retour en arrière? Il ne s’agit que d’affiner la recherche si l’utilisateur le demande (par défaut, on tape sur tous les types de contenus). Je ne vois pas en quoi ça serait un retour en arrière. Et je ne crois pas que la comparaison avec les annuaires ou pseudo-annuaires tienne ici.

    Par ailleurs, cette idée en l’air était surtout un moyen de rebondir sur ta conclusion, en proposant une solution moins radicale, une classification en opt-in pour les utilisateurs. ;)

    Pour les sites de buzz… j’avoue ma totale incompétence dans le domaine. J’ignore totalement quels sont les gros sites de buzz. Je crois comprendre que beaucoup visent un public très orienté «Web», et ont donc un impact limité au cercle somme toute restreint (à l’échelle du Web et des pratiques diverses des internautes) des «mecs qui s’intéressent au Web». Me trompè-je?

  6. Florent : si je parle de retour en arrière, c’est que depuis Google, la mode est au moteur de recherche simple, puis aux critères avancés si on le désire pour affiner une recherche.