Le poids des mots, le choc des photos


Si avec un titre pareil je me tappe pas un procès de Paris Match pour plagiat moi…

Plus sérieusement, j’ai envie de vous parler, brièvement, d’un sujet que j’avais soulevé lors de mon interview sur le blog de Mots&co : la ligne presque invisible qui separe contenu de contenant.

Et surtout, l’influence que peut entraîner l’un vers l’autre.

Vous l’aurez remarqué, je n’illustre presque jamais les « accroches » ou les hauts de mes articles avec des images, pourtant on voit ça un peu partout.

La raison en est le parasitage de l’information par l’image en elle même. Une couleur, une forme, un esprit (humoristique, dramatique), une lumière, peuvent orienter la lecture en mettant le lecteur dés le début dans un état d’esprit qui au final peut ne pas coller au texte. C’est un exercice difficile et très périlleux pour celui qui ne le maîtrise pas.

Un exemple que nous avons tous les jours sous les yeux dans les différents forums, blogs et autres messageries instantanées : les smileys.

La dictature des smileys est devenue telle, que si vous faites un trait d’humour un tant soit peu sarcastique sur un forum, sans y accoler le sacro saint « rond qui cligne de l’oeil », les gens ne comprennent pas forcément que vous parlez sur le ton de l’humour et peuvent donc percevoir votre message d’une façon tout autre. A l’opposé, certains placent tout et n’importe quoi, parfois des messages limite insultants, mais grâce encore au sacré saint « rond qui cligne de l’oeil », ça passe…

Faites le test, vous verrez, c’est parfois assez édifiant.

Vous me direz, c’est normal, il manque l’intonation de la personne, on ne la connait pas, on ne sait pas si c’est du lard ou du cochon. Certes, mais le message est bel et bien dirigé par l’apport d’un stimuli visuel.

En fait, j’ai pensé à ce billet en lisant le point de cette semaine.

Il y’a un article sur Ségolène Royale, jusque là rien de surprenant, c’est très à la mode depuis quelques mois.
Ce qui m’a frappé, c’est la photo (grande de surcroît) qui illustre l’article. Pour des questions de copyright je ne la diffuserais pas ici, mais je vais essayer de vous en faire une description assez fidèle :

Ségolène Royal est de trois quart droite, main gauche sous la table, main droite posée à plat sur la table, le buste en arrière, le cou droit et la tête légèrement en avant, ce qui a pour effet de lui faire apparaître un double menton, le regard fuyant vers la gauche (donc ne regardant pas le lecteur), sourire figé et lumière mettant en avant toutes les imperfections de son visage.

Bref une photo ne la mettant absolument pas en valeur, ce qui n’a rien d’étonnant, le Point n’étant pas particulièrement un journal « gauche ».

On arrive donc à la lecture de l’article avec déja en tête une construction mentale de la direction que va prendre l’article : il vont bouffer du Ségolène Royal.

Et bien pas du tout, c’est un article très neutre, tiré d’un livre parlant de sa vie et de son parcourt politique, aucune critique réelle, juste des faits et des anecdotes.

Vous voyez ou je veux en venir?

Si l’article avait été illustré avec une photo « classique » du sujet, je l’aurais lu de façon neutre.

Comme l’article a été illustré par une image « négative », je le perçois négativement, j’ai été « mis en condition ».

Honettement, j’ai été déçu par l’article, pas parce que j’ai particulièrement envie d’entendre du mal d’untel ou untel, mais parce que la photo l’illustrant avait une dimension quasi comique, je m’attendais à autre chose, je ne sais pas quoi, mais autre chose.

Tout ça pour vous dire, attention, un usage abusif de visuels pour illustrer vos propos peut nuire à sa lecture, pensez-y.


9 réponses à “Le poids des mots, le choc des photos”

  1. D’ailleurs quand on veut faire de la propagande on utilise d’abord une image forte pour ensuite utiliser les mots…

    Et puis c’est tellement reposant un écran sans éléments graphiques forts ;)

  2. Assez d’accord avec toi Aymeric mais reste qu’il y a un grand nombre de contenus qui nécessitent une icono, ne serait-ce que pour ‘ personaliser ‘ ce qui va être dit, dans le cas d’une interview, un témoignage notamment.. En montrant qui parle [est-il plutôt jeune, vieux, type buisnessman ou au contraire bobo en tong ??], on arrive à nuancer les propos que l’on va lire et c’est parfois mieux que de les " prendre tels quels ".

    Dans le cas de MotsAndCo justement, le lien que tu donnes dans ton post renvoie vers l’un des derniers du blog où je n’ai pas pris la peine de coller une image en annexe et je pense qu’avec un cliché de toi travaillant ou ne serait-ce qu’un logo de ta société, c’est tout ce que tu dis dans l’entrevue qui pourrait se trouver être crédibilisé.

  3. Bonjour Aylmeric
    ta question m’interpelle sur le poids de l’image, parfois axcessif.
    C’est vrai que le smots devraient, à mon avis, avoir plus d’importance que l’image, peser plus lourd .
    Dans mon blog, j’utilise l’image pour accrocher le lecteur, c’est vrai , mais aussi pour attirer l’oeil : la vue est un des sens que j’illustre dans mes billets sur les voyages .
    Aujourd’hui le poids des images est fort, tout comme celui de l’image télévisée.
    Je pense que c’est une évolution culturelle en route depuis longtemps comme de préférer REGARDER les infos à la télé plutôt que de lire la presse écrite.

  4. Tout à fait d’accord avec toi Aymeric. Il n’en demeure pas moins que l’image est importante. Le titre évocateur a d’aillerus aussi importance.
    Quand aux icones dans les échanges ce devient de l'(obsession au risque bien souvent d ene plus comprendre le message

  5. Bonjour Christian et bienvenu par ici.

    Par contre je m’excuse, j’ai fait une fausse manipulation, ton message avait été publié en double, j’en ai supprimé un et je crois que c’est celui ou tu avais mis ton adresse de blog. Je vais essayer de retrouver ça et de corriger cette erreur (ou alors tu m’envoies ton url par mail et j’édite ton message).

    Pour revenir au sujet et à vos réponses, bien sur, l’image est importante, mais est-elle toujours nécessaire. Je trouve dommage que nombre de sites de blogs ou de journaux illustrent leurs articles sans peser l’importance de l’impact que cela peut avoir sur le sens de la lecture.

    En fait mike, c’est que je ne t’ai jamais envoyé de photo. ;)

    Edit : j’ai retrouvé ton adresse de blog Christian, merci Mybloglol. ;)

  6. Bonsoir Christine, et bravo au passage pour ton blog qui m’a soti la tête de mes considérations techiques le temps d’une lecture.

    Dans ton cas, certains de tes billets gagnent évidemment à être illustrés, quand tu parles de lieux, d’hommes et de femmes à travers le monde. C’est même sûrement une des meilleures applications possible, car certains visuels hors de nos constructions mentales (je pense là aux images de ton dernier article) sont extrèmement difficiles à conceptualiser sans un support visuel.

    Par contre en comparaison, l’article juste avant (ou encore le précédent je ne sais plus) qui parle de comportements d’utilisateurs d’internet, n’est pas nécessaire, la photo de la jeune femme "a un genre" (dreadlocks, rouge à lèvre très visible), qui peut "orienter" l’image que se font les gens des utilisateurs d’internet. Je sais, c’est un peu exagéré, mais l’effet est réel.

  7. Pensez vous que l’utilisation de texte sur image avec un fond transparent est plus visible, a plus d’un impact et plus de visibilité et clarté pour l’utilisateur ou non ?

  8. Bonjour,

    Ne souhaitant pas pour des raisons personnelles divulger mon identité, je me présenterai plus simplement sous le pseudonyme de NatFa.
    Dans le cadre d’une recherche d’ECJS, je suis tombée par hasard sur cet article.
    Pour parler franchement :
    Je recherche quelqu’un en mesure de rédiger mon exposé, portant sur le sujet « Les médias sont ils indépendants ? ».
    Ou au moins le II. 2) Le poids des images
    Merci de vos efforts,

    NatFa